Zeit n'avait pas pour habitude d'aller au marché ou, s'il y allait, ce n'était que dans une optique bien définie, un but bien précis. Pourtant aujourd'hui, il n'était au marché que pour y être, sans plus de raison. Il savourait juste les différentes odeurs de nourriture s'entremêlant, il regardait les différents gadgets disponibles, faisait semblant de s'y intéresser allant jusqu'à les tâter, les examiner de plus près mais sans jamais rien acheter. D'ailleurs, il ne savait même pas s'il avait de l'argent sur lui. Il lui aurait été aisé de voler divers choses m'aurez-vous dit mais voilà, ce n'était absolument pas dans sa nature !
Il s'arrêta à un étalage où une jeune fille vendait des bentôs comme gagne-pain. Ils semblaient avoir été faits avec amour et passion, comme pour un amoureux ou un frère ou une soeur ne les ayant jamais pris. Il en choisit un et l'examina. Non seulement semblait-il appétissant mais en plus était-il bien présenté. Pas le moindre légume plus haut que l'autre, pas le moindre grain de riz de travers. Une machine automatisée n'aurait put faire mieux. Ce repas était tellement bien présenté qu'il aurait été presque criminel de le manger !
Il le reposa et s'en alla sans même saluer la jeune fille bien qu'il fut émerveillé par cette aptitude à cuisiner... aptitude qu'il était loin d'avoir. Son objectif ici était de ne pas en avoir aussi il n'échèterait pas ce panier-repas aussi délicieux eut-il été.
Il s'arrêta ensuite devant le stand d'un homme assez enrobé qui le gratifia d'un très grand et audible salut auquel il répondit sans plus de conviction. S'il s'était arrêté en face c'était par pur amusement. Le stand était situé à à peine une dizaine de mètres de celui de la fille aux paniers-repas et pourtant, c'était comme si le jour côtoyait la nuit ! Un véritable bric-à-brac ! Un bazar sans nom ! Il vendait de tout et n'importe quoi. Des gadgets dignes de jouets pour enfant à monter dans des paquets de céréales ou bien des confiseries au chocolat aux plus raffinées bandes dessinées, qu'elles soient Occidentales ou d'Orient. Diverses planches dont il se vantait d'être l'auteur étaient entrelacées dans ces bandes-dessinées qui couvraient elles-même les gadgets pour enfants... eux-mêmes couvrant des vieux appareils technologiques aujourd'hui largement dépassés... qui débordaient sur la caisse d'à côté qui contenait elle-même des piles et autres peluches toutes plus crades les unes que les autres. Elles étaient d'ailleurs dans un tel piteux état que les passants dont Zeit faisait partie était obligés de se prendre d'affection pour elles et de vouloir en acheter dans un élan de miséricorde.
Mais il ne se fit pas avoir et s'en alla sans plus mot, bien que la tentation d'acheter une peluche malgré son âge avancé l'eut presque fait changer d'avis...
Ainsi continua-t-il à déambuler, passant devant d'autres stands plus exotiques ou bien de confections artisanales ou encore aguichants d'un point de vue gastronomique...